L'individualisation de la société

Posted: May 21st, 2003 | No Comments »

Math m’a transmis le transcription d’une conférence donnée par le sociologue Jean-Claude Kaufmann. Il analyse l’individualisation de la société.

L’individualisme est de plus en plus marqué parce qu’on veut être nous-même, on veut être sujet de notre existence, on ne veut pas être pris, dirigé de l’extérieur et ceci bouleverse l’ensemble du fonctionnement social. Nous sommes sortis d’un monde où les identités étaient octroyées de l’extérieur selon la place sociale que l’on occupait, le desting de chacun était déjà écrit à l’avance et contrôlé socialement. De plus en plus aujourd’hui l’individu est au centre, devient sujet. C’est ce qu’on appelle l’individualisation. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de cadres. Il y a quelques limites définies par la loi, mais qui sont extrêmement larges. Quelques interdits, mais à l’intérieur de ces interdits, la plus grand liberté. Chacun fait ce qu’il veut, la règle essentielle étant la recherche du bonheur personnel. C’est sur une liberté de principe que l’on veut avancer. Chacun choisit ce qu’il veut à partir du moment où chacun est heureux. Ce qui est difficile car la société ne peut pas fonctionner sans règle de comportement. Du coup ces règles deviennent de plus en plus implicites, secrètes.

Autrefois, le lien social définissait l’individu. On était dans un groupe, on naissait dans un endroit qui vous définissait. Aujourd’hui, chacun choisit ses liens sociaux. L’individu construit son système de liens sociaux sous la forme de réseau. C’est une compétence!. Le portefeuille de contact sociaux est d’autant plus élevé que l’on s’élève dans la hiérarchie sociale, notamment marquée par le niveau de diplôme. Plus on a des diplômes élevés, plus on a un nombre de contact, de connaissances qui est grand et sur une surface géographique plus large, une diversité de type de contacts.

Le nouvel individu d’aujourd’hui se met en question sur tout presque malgré lui. Il est sommé de choisir, même quand il n’a pas très envie de le faire. Pour les personnes les plus gragiles, il y a vraiment une fatigue mentale généralisée car l’individu est sommé de se construire, de prendre des décisions et de se confronter sans cesse.

Dans la maison, il y a des milliers d’objets, de micro-objets et de substances. Nous gérons tout ceci avec notre “infraconscience”, non pas l’inconscience freudien, mais ce qui est sous la conscience (automitisme) L’attitude ouvertement rationnelle correspond seulement à 1 ou 2% des actions que nous développons.

Prendre une douche était il y a 30 ans avant tout hygiénique, aujourd’hui c’est un geste très “identitaire” qui va extrêmement loin d’une part dans les micro-sensations de bien-être que l’on recherche et également dans les moments de rapport à soi que l’on a. On s’enferme dans sa bulle, on se reconstitue avant de plonger à nouveau dans une type de questionnement sur soi. Aujourd’hui, il faut sans cesse “se raconter sa propre histoire”. Savoir qui l’on est, dire qui l’on est, comment on s’inscrit dans le cheminement de la vie.