Fiche de lecture

Eduquer à l'ère planétaire - La pensée complexe comme Méthode d'apprentissage dans l'erreur et l'incertitude humaines

La méthode

p.10: Les systèmes d'enseignements continuent à morceler et disjoindre les connaissances qui devraient être reliées, à former des esprits unidimensionnels et réducteurs, qui ne privilègient qu'une dimension des problèmes et en occultent les autres.

p.10: Aussi notre formation scolaire, universitaire, professionelle fait de nous des aveugles politiques et nous empêchent d'assumer notre condition désormait nécessaire de citoyen de la Terre.

p.11: La méthode ici est une discipline de pensée, qui doit aider chacun à élaborer sa stratégie cognitive, en situant et en contextualisant ses informations, connaissances et décisions, en rendant chacun apte à affronter le défi omniprésent de la complexité.

p.12: On dit de plus en plus souvent "c'est complexe" pour éviter d'expliquer. Ici il faut faire un véritable renversement et montrer que la complexité est un défi que l'esprit doit et peut relever, en faisant appel à quelques principes qui permettent l'exercice d'une pensée complexe.

p.13: S'accrocher avec rigueur à un plan de recherche d'idées constitue une anesthésie pour l'intuition (Jorge Wagenberg)

p.18: La pensée complexe englobe, dans sa conception de la méthode, l'expérience de l'essai. L'essai, comme expression écrite de l'activité pensante et de la réflexion, est la forme qui s'accorde le mieux à la pensée moderne.

p.22 "Voyageur, il n'y a pas de chemin, le chemin naît de ta marche" Antonio Machado

p.23: "La méthode vient à la fin" (Nietzsche), "ce sont nos hésitations que nous appelons des chemins" (Kafka)

p.24: Celui qui veut accéder - dit Nietsche - à la liberté de la raison n'a pas le droit, du moins pour un certain temps de se considérer sur terre autrement que comme "un voyageur sans destination fixe".

p.25: L'élucidation des circonstances, la compréhension de la complexité humaine du devenir du monde exigent une pensée qui transcende l'ordre des savoirs constitués et de la trivialité du discours académique.

p.26: Une théorie n'est pas la connaissance, elle permet la connaissance.

p.26: Une théorie ne remplit sa fonction cognitive, elle ne prend vie que grâce au plein usage que fait le sujet de son activité mentale.

p.26: Toute théorie dotée de quelques complexité ne peut conserver sa complexité qu'au prix d'une recréation intellectuelle permanente.

p.29: Il est vrai que l'idée - qui nous est nécessaire pour traduire la réalité du monde extérieur - est aussi ce qui nous induit à nous tromper sur ce monde extérieur.

p.30: Les idées ne sont pas des reflets du réel, mais des traduction/constructions qui ont pris la forme de mythologie, de religions, d'idéologies et de théories (toutes sont des moyens de jeter des ponts sur l'âbime de l'ignorance), et, en tant que telles, elles sont suceptibles d'erreur. Les traductions mythologiques, religieuses, idéologiques et théoriques produisent sans cesse d'innombrables erreurs dans les activités humaines.

p.30: L'idée de vérité est la plus grande source d'erreur que l'on ne puisse envisager; l'erreur fondamentale consiste à s'approprier le monopole de la vérité.

p.31: Toutefois, le scepticisme illimité porte en lui-même sa propre desctruction puisque la proposition "la vérité n'existe pas" est en fait une métavérité sur l'absence de vérité.

p.33: Toute vérité dépend de ses conditions de formation ou d'existence; si tous les humains meurent, il n'y aura plus de vérité; tout l'acquis du patrimoine historique disparaîtra; les vérités demeureront virtuelles, comme elle l'étaient avant l'apparition de l'humanité.

p.33: L'opposition programme/stratégie saute aux yeux. Le programme constitue une organisation prédéterminée de l'action. La stratégie trouve des ressources et fait des détours, elle réalise des inversions et des déviations.

p.34: Le programme ne peut tolérer qu'une dose faible et superficielle d'erreurs dans son fonctionnement. La stratégie tire profit de ses erreurs.

p.34: La méthode est l'oeuvre d'un être intelligent qui expérimente des stratégies pour répondre aux incertitudes. [...] La méthode, par conséquent, est ce qui sert à apprendre; elle est aussi l'apprentissage.

p.35: Resister aux tentations rationalisatrices:

p.38: La méthode ou plein usage des facultés du sujet, implique la présence inéluctable de l'art et de la stratégie dans la pensée complexe. La notion de stratégie est liée à celle d'aléa: aléa dans l'objet (complexe), mais aussi dans le sujet (puisqu'il doit prendre des décisions aléatoires et se servir des aléas pour progresser).

p.40: La réflexion n'est ni philosophique ni non-philosophique, elle est la faculté la plus riche des la pensée, le moment où celle-ci est capable de s'auto-considérer, de se méta-systémiser.

p.40: La pensée rend possible l'intégration de la contradiction dans un ensemble au sein duqel elle pourra continuer de fermenter

p.41: Principes méthodologiques:

p. 48: Si l'objectivité existe, l'objectivité absolue tout comme la vérité absolue sont des illusions

p. 48: Plutôt qu'un paradigme simplificateur qui consite à isoler, désunir et juxtaposer, nous proposons un paradigme complexe qui relie, article, comprenne et développe sans propre autocritique.

p. 49: Penser, c'est bâtir une architecture des idées, non pas avoir une idée fixe.

p. 49: Eduquer à la pensée complexe doit nous aider à sortir de l'état de désarticulation et de fragmentation du savoiir contemporain ainsi que d'une pensée sociale et politique dont les approches simplificatrices ont produit l'effet qu'on connaît trop bien, et dont l'hummanité pâtit.

p. 52: L'achèvement d'une oeuvre complexe doit non dissimuler son inachèvement, mais le révéler.

Les défis de l'ère planétaire

p. 83: Il importe de préciser que le terme "planétarisation" est une terme plus complexe que "globalisation" parce que c'est une terme radicalement anthropologique qui exprime l'insertion symbiotique, mais aussi étrange, de l'humanité sur la planète Terre. En effet, la Terre n'est pas seulement un terrain où se déploie la globalisation, mais une totalité complexe physique/biologique/anthropologique.

p. 87: Les société archaïques se développèrent et devinrent étrangères les unes aux autres; la distance, le language, les rites, les croyances et les coutumes fragmentèrent l'humanité, qui, malgré tout, engendra une espèce fondamentale et primaire de société archïque. En dépit de leur extrême diversité, un même modèle organisationnel se maintint dans toutes ces sociétés, la structure hiérarchique paléosociale qui constitua l'humanité.

p. 90: Toutefois, à partir de 1492, ce sont ces nations petites et jeunes qui vont se lancer à la conquète de la planète et qui, à à travers l'aventure, la guerre et la mort, donneront naissance à l'ère planétaire.

p. 91: La mondialisation de la dominiation, de la colonisation et de l'expansier de l'Occident et la mondialisation des idées humanistes, émancipatrices, internationlalistes, porteuses d'une conscience commune de l'humanité.

p. 93: L'ère planétaire s'ouvre et se développe "dans" et "par" la violence, la desctruction, l'esclavage, l'exploitation féroce de l'Amérique et de l'Afrique. C'est l'âge de fer planétaire, auquel nous vivons aujourd'hui encore.

p. 99: La guerre 1914-1918 est le premier grand dénominateur commun qui rassemble l'humanité.

p. 109: Le Titanic redevient la métaphore de l'odyssée humaine, frappée par les puissances génésico-desctructrices, alors qu'elle chemine en quête d'une monde durable, fondée sur l'Unitas Multiplex (idée que l'espèce humaine est une relation complexe dialogique et récursive entre l'unité et la diversité)

p. 112: Il est aussi une conception réductionniste pour laquelle la croissance économique est le moteur nécessaire et suffisant de tous les développements sociaux, psychiques et moraux. Cette conception techno-économique ignore les problèmes humains de l'identité, de la communauté, de la solidarité de la culture.

p. 113: Sous l'impulsion et l'accélération que produit le développment des technologies de communication, l'économie se mondialise jusqu'à ce qu'elle devienne un tout interdépendant; sa dynamique alimente l'hélice de la première mondialisation jusqu'à ce qu'elle globalise la propulsion aveugle et débordante du quadrimoteur: science, technique, industrie et profit. Ce quadrimoteur avec ses parties hyperspécialisées unifie et divise, égalise et produit des inégalités.

p. 115: Ce sont ces problèmes qui ont révélé l'envers de l'individualisation, de la technologisation, de l'économisation, du développement, du bien-être. L'individualisation a pour contrepartie la dégradation des anciennes solidarités, l'atomisation des personnes.

p. 116: La perte de la responsabilité et la perte de la solidarité mènent à la dégradation morale et psychosociale, puisqu'il n'y a pas de sens moral là où il n'y a ni sense de la responsabilité, ni sens de la solidarité.

p. 118: La plénétarisation du malaise ouvre la voie vers l'émergence possible d'une société-monde.

p. 119: Cette modialisation des droits de l'homme, de la liberté, de l'égalité, de la fraternité, de l'équité et de la valeur universelle de la démocratie, favorisent de développment d'une consicence de plus en plus aiguë qui permet de considérer que la diversité culturelle n'est pas une réalité opposée à l'unité de l'humanité.

p. 120: Le phénomène capital de notre temps appelé "globalisation" est une phénomène qui contient des éléments autodesctructeurs, mais qu'il contient aussi les ingrédients qui peuvent mobiliser l'humanité pour la recherche de solutions planétaires fondées sur la nécessité d'une anthropolitique (pleine consicnece de ce que la construction d'une politique de civilisation pour le développement d'une société-monde est une politique qui opère "avec" et "dans" la multidimensionnalité complexe des problèmes humains et que la base de sa conception anthropologique doit être l'homme générique, et sa finalité, le développment de l'être ce que le jeune Marx appelait humain et de l'humanité dans la poursuite de l'hominisation.

p. 122: Le danger ne réside pas dans les nations, mais dans la nationalisme, qui refuse d'accepter l'idée qu'on élabore des instances collectives à une échelle supérieure à celle de la nation, pour prendree en charge et résoudre les problèmes supranationaux.

p. 124: Toutefois, s'il est vrai que les réseaux de communication constituent une infrasctructure et qu'à travers les grandes multinationales de l'information, ils sont au service de l'impulsion de l'hélice de la première mondialisation, c'est-à-dire du quadrimoteur: science, technique, industrie et profit, il n'en est pas moins vrai qu'ils servent de support à l'internationalisation des mouvements sociaux qui impulse l'hélice de la seconde mondialisation, ces mouvements qui s'emploient àdénoncer et à critiquer les pratiques antiécologiques des groupes trans-nationaux, les politiques des gouvernements et des sociétés qui lèsent les droits humains, aggravent les inégalité, font disparaître des cultures prémodernes et non-occidentales.

p. 125: d'une part, se dépoit l'hélice de la mondialisation de l'économie réductrice, du calcule et des politiques unidimensionnelles et que d'autre part, se déploie l'hélice de la mondialisation humaniste qui met en mouvement des courants variés qui ont du mal à s'organiser, outre qu'ils subissent le risque de se disloquer et de se fragmenter, comme de tomber dans la simplification, à cause de leur propres contradictions. [...] Mais au-delà de ses contradictions et de ses dispersions, elle est unie pour l'aspirations à une monde meilleur.

p. 127: Il manque en somme les instances qualifiées pour prendre des décisions sur les questions de vie ou de mort pour la planète. En second lieu, nous manquons de la conscience d'une communauté de destin, alors que des questions de vie ou de mort se posent à tous les êtres humains.

p. 128: L'ère planétaire porte en son sein la configuration d'une société planétaire et par conséquent la complexification.

p. 128 Ce flux et les réseaux, précédemment identifiés comme porteurs et générateurs de la seconde mondialisation, participent de la dimension complexe de la planétarisation. En appliquant, en effet, le principe dialogique, on peut percevoir l'articulation de ces deux mondialisations en une seul processus, intrinsèquement antagonique, contradictoire, mais également complémentaire.

Epilogue

p. 134: L'éducation planétaire doit favoriser une mondiologie de la vie quotidienne.

p. 134: L'incertitude nous accompagne et l'espérance nous stimule

p. 135: Les six axes stratégiques directeurs, dont la finalité est d'organiser l'information et la diffusion des connaissances pour l'élaboration d'une mondiologie quotidienne:

p. 151: Ce n'est pas l'espérance qui fait vivre, c'est l'existence qui crée l'espérance qui permet de vivre.